mercredi 28 décembre 2011

Plus de photos en rappel

Dans la continuité des deux diaporamas précédents, voici les photos du nord de la Colombie-Britannique et du Cassiar Highway, route qui mène au Yukon. Ces deux diaporamas couvrent les jours 23 à 34 (sur 45) de la Grande Traversée du Canada. Bon visionnement de photos !

Le nord de la Colombie-Britannique :

Sur la route vers le Nord :



samedi 17 décembre 2011

Photos du Yukon et du Dempster en rappel

En attendant que je travaille sur mes dernières photos du Yukon, en voici des plus anciennes. Étant donné qu'il y a eu quelques problèmes techniques avec l'ancien blog, je vais transférer une partie du contenu dans les prochains temps. Ici, les photos des dernières semaines de mon voyage à travers le Canada de l'été passé : les premiers jours au Yukon et la merveilleuse semaine sur le Dempster Highway, qui a précédé mon séjour à Dawson City (voir premier article publié sur ce blog). Pour les articles qui vont avec ces deux diaporamas, je vous invite à aller voir mon ancien blog (http://sylvie-bourlingue.kazeo.com).

A la découverte du Yukon :

Le Dempster Highway :



dimanche 11 décembre 2011

Yukon - The Klondike


Le Yukon, pour certains c’est un nom entendu quelque part il y a très longtemps et associé à l’Alaska (si vous saviez le nombre de Canadiens qui m’ont demandé si ce n’est pas en Alaska le Yukon), pour d’autres c’est un territoire légendaire où des histoires les plus extraordinaires les unes que les autres se sont déroulées, et d’autres n’ont jamais entendu parler du Yukon du tout. J’étais dans la deuxième catégorie de personnes et je m’attendais à ce que la réalité présente du Yukon n’ait plus grand-chose à voir avec ce Yukon légendaire. Le Yukon du Klondike, le Yukon de la grande ruée vers l’or de 1897-1898, celui où les hommes ont bravés l’un des climats les plus extrêmes par milliers pour trouver de l’or sur une terre encore complètement sauvage. Le Yukon où le célèbre Mad Trapper s’est fait dynamiter par la RCMP et s’est enfuit comme si de rien était, où les dance-hall girls se faisaient marier contre leur poids en or, où des hommes devenaient millionnaires en l’espace d’une nuit, pour ensuite mourir dans la misère et la folie le surlendemain, où Jack London a trouvé son inspiration pour écrire des histoires telles que Croc Blanc et où les huskies sont plus nombreux que les hommes. Eh bien, après ces 4 mois passés à voyager, vivre et travailler au Yukon, laissez-moi vous dire que j’avais tort ! Le Yukon c’est encore tout cela et plus encore !

Après être retournée à Whitehorse à la fin de mon grand voyage, j’ai tout de suite commencé à travailler le lendemain de mon retour. L’entretien que j’avais passé juste avant notre départ pour le Dempster avait porté ses fruits et j’ai eu un emploi avec une compagnie d’exploration. D’exploration ? Oui, d’exploration, comme dans chercher de l’or, parce que la ruée vers l’or revit au Yukon ! Cette première journée n’était qu’une formation pour me familiariser avec toutes les règles et les questions de sécurité. On m’a mise devant un documentaire sur les ours pendant 1h30 et ensuite on m’a emmené dans un terrain vague pour que je me pratique à tirer des « bear bangers ». C’était un lundi et j’allais partir le jeudi matin pour mon premier contrat. J’avais deux jours pour me trouver un logement dans une ville en pleine crise du logement, pour m’acheter tout l’équipement dont j’avais besoin et pour remettre un peu de mon voyage !

Jeudi, le 1er septembre j’ai pris la route avec trois coéquipiers pour aller à la mine Minto, une grande mine à ciel ouvert. On allait être installés dans le camp de la mine et faire de l’exploration géophysique sur les montagnes environnantes. Pour accéder à la mine, située un peu en plein milieu de nulle part, on a dû traverser la Yukon River avec une petite barge et de l’autre côté, il fallait se plier à tous les règlements de sécurité de la mine (rouler avec un drapeau et un gyrophare sur le toit du pickup et signaler notre présence par la radio tous les kilomètres). Dans le camp, un gros camp avec tout ce qu’il fallait (internet, douches, cantine, etc.), on a commencé par devoir subir la formation de sécurité de la mine. Bref, plein de règles et de restrictions… On allait passer une semaine là et notre travail consistait à envoyer de l’électricité dans le sol et à mesurer la conductivité et la chargeabilité du sol pour déterminer s’il y a de l’or ou du cuivre dans le sol. En gros, je me promenais à travers le bush avec un sac plein de gros câbles qu’il fallait que je pose en ligne droite sur 400 mètres. Les câbles étaient lourds et si vous savez à quel point ça peut être chiant de devoir marcher à travers des saules ou des aulnes, imaginez-vous faire ça avec un gros sac super lourd et un câble de 50 mètres dans les mains qui reste accroché dans toutes les branches. Et tout ça en montagne ! Croyez-moi, je regrettais amèrement les plaines de l’Abitibi ! Le travail était dur et on travaillait de 10 à 12 heures par jour et quand on ne travaillait pas, je ne pouvais faire qu’une chose : dormir ! Heureusement, mes coéquipiers étaient vraiment super et on s’est beaucoup amusés pendant cette semaine !

Peu de temps après, le 16 septembre, je suis partie pour mon deuxième contrat. On m’avait dit que ce travail serait « nice, easy and comfortable », retenez bien ces mots ! On est d’abord partis à deux en camion, avec une grosse remorque pleine de matériel pour aller à Brewery Creek, à l’est du Dempster Highway. On est arrivés au camp de la mine (un camp bien plus rustique, constitué de tentes et d’un seul bâtiment fixe) assez tard et là-bas, ils devaient nous indiquer comment se rendre sur notre « grid » (la zone où on allait travailler), mais personne ne savait exactement comment s’y rendre. On a réussi à trouver notre chemin, mais je vous assure qu’on a eu la surprise ! A Whitehorse on nous avait dit qu’on travaillerai sur un terrain plat, mais une fois passé le camp de la mine, on est arrivés sur du terrain on ne peut plus accidenté ! C’est à peine si notre pick-up arrivait à monter les pentes abruptes ! Arrivés au sommet d’une montagne qui était au milieu de notre grid, on a commencé à monter notre camp. Je n’avais jamais monté un tel camp et on n’était qu’à deux, alors ça n’allait pas très vite ! Heureusement, on a tout fini avant la tombée de la nuit. On allait passer les cinq premiers jours à deux uniquement et notre camp était à 45 minutes de chemin extrêmement cabosseux et difficile du camp de la mine. La vue du sommet de notre montagne était absolument magnifique, mais je peux vous dire que les premières journées étaient une sacré aventure ! Première nuit : on se fait enfumer par le poêle à bois, je pense aux ours tout le temps et on n’a pas de nourriture. Deuxième nuit : c’est le sauna dans la tente, je pense encore aux ours, notre camion se brise et notre gazinière de marche pas et il faut cuisiner sur un feu de camp (vous avez déjà fait des steaks médium-saignant sur un feu de camp ? je vous garantis que ça vous met la pression !). Troisième nuit `la cheminée du poêle prend feu et fait presque flamber la tente. Quatrième nuit : une tempête fait s’envoler la tente dans laquelle on est en train de dormir. On a ramassé et replacé la tente dans la noirceur absolue et il ventait encore, alors on a passé la nuit à tenir les poles de la tente. Cinquième nuit : on dort enfin un peu !

Au bout de ces cinq jours, on a enfin eu des renforts, la gestion de crise allait se faire bien plus facilement à quatre ! Et puis en plus de tout ça, il y avait les corvées de camp normales (couper du bois, bruler les déchets, cuisiner et faire la vaisselle, etc.) et 10 heures de travail de terrain par jour ! Ah, et qu’est-ce qu’on faisait ? Du line-cutting ! On devait couper 11 lignes de 1.8 km de long à travers la forêt. Mon coéquipier était coupeur, c’est lui qui maniait la scie à chaîne. Moi j’étais « brusher », je transportais tout notre matériel (bouffe, vêtements, essence, outils), mettais en place des piquets sur la ligne pour que le coupeur puisse couper en ligne droite et je « brushais » (ramasser les branches, couper tout ce qui reste à l’aide d’une machette ou d’une espèce de hache). Ce travail était extrêmement physique, surtout dans ces montagnes (par endroit on avait des pentes de près de 45°). Et très rapidement, la neige est arrivée, avec de la grêle et du brouillard à volonté. On glissait sur les pentes, dans le camp notre bouffe et notre eau gelait et mes fesses gelaient aussi avec nos « toilettes » en plein air ! Entre temps, on avait baptisé notre montagne, le Mt Doom et le nom était amplement mérité ! Lorsque les conditions ont fini par devenir trop extrêmes, on a enfin été autorisés à résider dans le camp de la mine. Mais pour ça, il fallait qu’on fasse le trajet da camp à notre grid matin et soir en quad à des températures largement en-dessous de 0°C. Quand on rentrait au camp le soir, je restais plantée à côté du poêle jusqu’à l’heure du souper !

En tout, j’ai passé quatre semaines à Brewery Creek. J’étais celle qui y est resté le plus longtemps, plusieurs membres de l’équipe étaient partis au bout de deux semaines. Les gens de la mine étaient étonnés de voir une femme faire du brushing et j’ai reçu mon « bushname » : Red Fang. Au bout de 10 jours là-bas, la folie du bush m’avait prise : d’abord j’ai passé plusieurs jours à être crampée de rire tout le temps, pour rien; ensuite c’était le désespoir, je ne faisais que pleurer; et finalement j’étais rendue bipolaire ! Aussi les deux dernières semaines, mes genoux me faisaient de plus en plus souffrir et j’ai fini par comprendre le Dr. House. C’est pas facile de rester poli et de bonne humeur quand on a mal tout le temps ! Pour ce qui est de la faune, on a eu une rencontre surréaliste avec un gros orignal qui est apparu de la brume un jour, juste devant nous. Il a failli nous charger, mais il a senti notre odeur d’humains juste à temps ! On a vu bon nombre de porc-épics obèses et de renards. Renards qui d’ailleurs nous ont bien embêtés ! Ils venaient dans le camp de la mine sans peur et la nuit, partaient avec les rallonges électriques, nous laissant dans le noir. On leur courait après en lançant des bottes pour récupérer nos rallonges ! Un coyote est venu hurler à côté de moi le dernier jour, comme pour dire adieux à Red Fang. Ces quatre semaines avaient été extrêmes, mais emplies de tant de beauté ! Les montagnes, le soleil du nord, les animaux, les aurores boréales… Tout cela et l’expérience valaient amplement la peine et la folie et la douleur physique !

Après ce contrat, j’ai passé deux semaines à me reposer et à soigner mes genoux, et finalement, le 26 octobre je suis retournée sur le terrain ! Et cette fois-ci ça allait vraiment être « nice, easy, and comfortable ». On allait faire de la géophysique dans les montagnes au nord de Faro. On était logés dans un B&B super confortable et on allait en hélicoptère sur notre site ! Les journées étaient courtes à cause de la lumière, mais aussi de la météo. Dès qu’il faisait trop mauvais pour l’hélicoptère, on commençait plus tard ou on finissait plus tôt. Parfois, on passait même des journées entières au B&B à se tourner les pouces à cause de la météo ! Les vols en hélicoptère étaient incroyables ! Les montagnes, les lever de soleil vus du ciel, passer en rase-motte au-dessus d’une falaise… Et il y a eu la journée où notre pilote est venu nous sauver : une tempête arrivait très vite, nous on ne l’a pas vu venir quand soudain le pilote nous appelait sur nos radios pour nous dire de courir au plus vite vers une surface dégagé pour qu’il puisse nous ramasser. Il était venu juste à temps, parce qu’en retournant vers l’aéroport on ne voyait pas grand-chose et on se faisait brasser dans tous les sens ! Certaines journées, le froid était extrême au sommet de notre montagne (avec le vent de l’hélico en plus) et la neige était déjà très profonde. Mais les paysages étaient magnifiques et on se faisait un feu quand le froid devenait trop extrême !

Travailler au Yukon m’a appris bien des choses et m’a montré que la ruée vers l’or, ce n’est pas du passé ! J’ai appris à monter un camp d’exploration, à tirer au fusil, à conduire des quads, à manier la hache, à préparer des chargements pour hélico et à réparer des générateurs, des poêles à mazout et des scies à chaîne. D’ici quelques jours, je vous en dirai plus sur la vie dans cette région extraordinaire !

dimanche 4 décembre 2011

La Grande Tarversée 11 : Dawson City


Samedi, le 27 août, Jour 44 : 32.6 km (10 640.1 km)
Dawson City, YT

Notre journée à Dawson City, la célèbre ville du Klondike Gold Rush, ville où de célèbres histoires telles que Croc Blanc ont vu le jour, a débuté par une visite du lieu où tout a commencé. On s’est rendues au Claim #6 sur la Bonanza Creek Road, au bord du Bonanza Creek où la pépite d’or qui a lancé le grand Gold Rush a été trouvée en 1896. Le Claim#6 était ouvert au public et tout le monde qui arrivait là avec sa « gold pan » avait le droit de faire du « goldpanning », chercher de l’or en lavant du sol dans les eaux du Bonanza Creek. 

Quand on y est arrivées, il y avait deux personnes, les pieds dans l’eau, en train de sérieusement chercher de l’or dans le fond de leur gold pan. Évidemment, nous aussi on a regardé un peu ce qu’il y avait dans le fond du creek, mais il faut de bons yeux ! L’eau était remplie de petites paillettes de mica scintillantes et il semblait impossible de faire la différence entre le mica et l’or, s’il y en avait. On est allé parler à un monsieur aux cheveux gris tout ébouriffés à l’air sympathique et savant, qui était en train de contempler le fond de sa gold pan. Il avait trouvé de l’or et nous a montré le petit bout d’or au milieu de tous les morceaux de mica. Moi, je ne l’aurai certainement pas vu ! Ce monsieur venait d’Australie et avait l’habitude de venir au Yukon pour cherchait de l’or, quand il n’était pas en Nouvelle-Zélande ou en Australie pour faire la même chose. Faute d’avoir trouvé de l’or nous-mêmes, on s’est pris des bouts de mica en souvenir du Bonanza Creek.

On s’est ensuite rendues au Discovery Claim, là où toute la folie du Gold Rush a débuté, pour y découvrir toute l’histoire de la ruée vers l’or. Toujours sur le Bonanza Creek, on est aussi allé voir la Dredge #4, dinosaure de la ruée vers l’or. Les « dredge » étaient d’énormes machines flottantes qui labouraient la terre tout autour de Dawson pour trouver de l’or. La terre entrait à l’avant par une langue rampe, était rincée à l’intérieur et ressortait derrière. Ces machines fonctionnaient à l’année longue et il y en avait plus de 20 faisant un bruit infernal autour de Dawson et ouvrant les entrailles de la terre. Aujourd’hui encore, en arrivant à Dawson, on traverse les grosses trainées de roche retournée laissées là par ces engins.

Et enfin, on est allé à la ville de Dawson. La ville était peuplée de maisons en bois de toutes les couleurs et de toutes les tailles, allant du petit chalet rustique en rondins de bois et avec de l’herbe sur le toit à la grande maison peinte de couleurs vives et entourée de fleurs multicolores. Et bien sûr, les rues de la ville n’étaient pas asphaltées, mais étaient encore en terre battue comme au bon vieux temps, avec les trottoirs en bois et tout ce qu’il faut pour se sentir transporté un siècle dans le passé. Les maisons étaient toutes ouvertes, les gens prenaient le soleil, jasaient, jouaient de la musique et des petits garçons vendaient de la limonade au coin de rue. On a découvert le Jack London Museum, avec la cabane dans laquelle le célèbre auteur a vécu et écrit ses œuvres connues dans le monde entier. Un peu plus loin, il y avait aussi la cabane de Robert Service, célèbre poète du Yukon. Lisez quelques-uns de ses poèmes, si vous souhaitez avoir une impression de ce qu’était le Yukon à cette époque et de ce qu’il est encore aujourd’hui, car le célèbre vers « Strange things done under the midnight sun… » s’applique encore aujourd’hui ! Un peu plus loin, un vieux cimetière nous offrait un autre voyage dans le temps. Les pierres tombales n’étaient que de vieilles planches, certaines datant des débuts de Dawson étaient quasiment illisibles. C’était le cimetière du Yukon Order of Pioneers (YOOP).

Au centre-ville, on se promenait sur les trottoirs en bois devant toutes ces maisons colorées aux façades boomtown. Toutes les rues avaient l’air si belles, on ne savait par où se diriger. Et là, arrivées devant le Palace Grand Theatre, on a encore voyagé dans le temps : il y avait un bal organisé par la RCMP. Les Mounties se promenaient dans leurs superbes uniformes rouges avec de belles bottes en cuir et leurs compagnes étaient vêtues de magnifiques robes de l’époque, sans oublier les plumes dans les cheveux ! À l’office de tourisme, tout le monde était habillé comme à l’époque aussi. Avec nos vêtements du 21è siècle, on commençait à se sentir déplacé ! On s’est encore promené un peu et finalement, le soir est venu et on avait attendu le soir avec impatience !

On s’est rendues au Downtown Hotel. Devant l’entrée, une pierre tombale annonçait la couleur : elle était dédiée aux Sourtoes et on pouvait lire : I. Swallowed; II. Lost; III. Swallowed; IV. Alive and well. Oui, l’heure du Sourtoe Cocktail était enfin arrivée !! On s’est installées dans le bar et à 21h précise, un petit monsieur au chapeau de marin est arrivé avec une boîte sous le bras. Il s’est installé dans un coin et a déballé le Sourtoe de la boîte. Un groupe de voyageurs habillés comme à l’époque aussi, ont été les premiers à boire le cocktail. Ça hurlait, applaudissait et riait et nous, on les a rejoints avec nos verres de Yukon Jack (what else?). L’heure était venue !! Le Sourtoe, un gros orteil humain préservé dans de l’alcohol, avait vraiment l’air répugnant. Il était tout fripé, on voyait les rainures dans l’ongle et l’os à l’intérieur et tout. Le petit monsieur a posé le Sourtoe sur une serviette au milieu de la table et je me suis assise en face de lui. Il a lu un texte très formel et à pris en note mon nom dans son cahier. J’ai mis l’orteil dans mon verre, ai mis le chapeau du capitaine sur ma tête et ait vidé le verre jusqu’à la dernière goutte encouragée par les gens tout autour. C’était fait ! J’ai reçu mon certificat, faisant de moi le membre #43 271 du Sourtoe Cocktail Club et attestant que je suis « a person capable of almost anything ». Le certificat dans une main et le Sourtoe dans l’autre (et ensuite entre les dents, ce qui a fait hurler tout le monde), j’ai posé pour une photo à côté du monsieur. Quelle soirée, et elle n’était pas finie !!

On s’est ensuite rendues au Diamond Tooth Gerties : le plus vieux casino du Canada où on pouvait voir un vrai « gold-rush can-can show ». Le casino était bien rempli et à l’intérieur tout était beau et comme à l’époque et les employés aussi étaient habillés comme à l’époque. On est arrivées pour le deuxième show de la soirée. Il y avait Gertie, la « patronne », une belle femme costaud avec une voix forte, 4 danseuses cancan et un chanteur. Le show était vraiment bon et drôle. Après le show, on a profité un peu du casino (j’ai perdu 25 cennes ciboire !) et on a même rencontré des Abitibiens. Le monde est petit ! À minuit a eu lieu le troisième show de la soirée, le show le moins touristique et il y avait pas mal de locaux dans la salle et une fois encore, c’était vraiment bon !

Cette belle soirée, qui allait être la dernière de notre voyage et ensuite devenue inoubliable et certainement la meilleure soirée du voyage : en sortant de chez Gertie’s, on a levé les yeux et au-dessus de nous dansait une aurore boréale dans le ciel nocturne de Dawson. C’était ma première aurore boréale ! La semaine parfaite sur le Dempster, cette journée parfaite à Dawson et tout ce superbe voyage a été couronné par ma première aurore boréale !!!


Jour 45 : 558.5 km (11 198.6 km)
Dawson City, YT -> Whitehorse, YT

Ce matin-là, on a du se préparer à se séparer… Il fallait faire le ménage dans Bill, que chacune de nous récupère ses affaires et diviser les restants de la nourriture. Et on a enfin engravé Bill (ou plutôt la croûte de bouette qui le couvrait) : « DID THE DEMPSTER and had NO FLAT ». Ah, sacré Bill !

À Dawson on a traversé la Yukon River sur le petit traversier de la ville (les habitant s refusent de construire un pont sur la rivière tout comme ils refusent d’asphalter les rues). J’allais déposer Caroline et Nynke à l’auberge de jeunesse de l’autre côté de la rivière. Autant j’avais eu peur au départ d’avoir de la compagnie, autant je regrettais maintenant de quitter les filles. C’était étrange de monter seule dans Bill et de reprendre la route toute seule. J’espérais bien les revoir un jour !

J’ai quitté Dawson et ait repris le North Klondike Highway en direction de Whitehorse. C’était difficile de partir de Dawson. Après une heure de route déjà, je me suis arrêtée sur une aire de repos pour profiter d’une dernière vue sur les montagnes au nord et pour prendre mon lunch. Et là, je me suis transformée en attraction touristique. D’abord quelques personnes m’ont abordée pour avoir des informations sur le Dempster. Ensuite un bus de touristes s’est arrêté là déversant une horde de petits vieux armés d’appareils photos sur l’aire de repos. Beaucoup sont venus me parler pour savoir si j’avais vraiment fait le Dempster et encore plus ont voulu me prendre en photo avec Bill ! Finalement, j’ai repris la route vers Whitehorse… La route était longue et je me sentais bien seule, sauf lorsqu’un ours et puis un coyote, qui m’a regardé droit dans les yeux, ont croisé mon chemin.

Arrivée à Whitehorse, je suis retournée au camping où on avait été avec Caroline et Nynke. Ça allait être ma première nuit en camping seule. Le souper était déprimant. J’avais le cœur lourd, le voyage était fini et j’avais quitté deux amies et compagnes de voyage. Mais je savais aussi, qu’après une bonne nuit de sommeil, tout irait mieux, car le lendemain ma vie au Yukon allait commencer et bien des aventures m’attendaient !