mardi 5 juin 2012

Port Hardy


Quelques jours après mon petit voyage à Skagway, AK, on peut dire que l’été à réellement commencé pour moi (malgré la neige…). J’ai quitté ma jobbe de barista chez Starbucks, j’ai fait mes valises et me suis envolée vers le « sud » ! Ce n’est pas que Starbucks paie si bien que je pouvais soudainement me payer des vacances au Mexique, c’est que je suis retournée travailler sur le terrain. La saison d’exploration avait enfin commencée et elle avait bien commencée : je me suis rendue à Port Hardy sur l’île de Vancouver où j’étais logée dans une belle grande maison avec vue sur la mer et Jacuzzi (avec vue sur la mer, cela va de soi). Les pygargues à tête blanche virevoltaient devant nos fenêtres et les locaux tournaient en rond devant notre porte ! Les nouvelles courent vite dans cette petite ville et la population étant majoritairement masculine, la présence de trois jeunes femmes  (et oui, notre équipe d’exploration était majoritairement constituée de femmes) ne passait pas inaperçue (des jeunes hommes tout à fait galants venaient frapper à notre porte pour nous inviter à des soirées, des promenades…).

Mais parlons travail… En gros, on passait nos journées à prospecter pour des métaux précieux dans les montagnes autour de Port Hardy. La prospection, c’est comme une chasse aux trésors, c’est palpitant ! On cherche, on échantillonne, on cherche, parfois sans trouver pendant des heures ou des jours et là, tout d’un coup on regarde une roche et on y trouve des minéraux indicateurs de présence de métaux. C’était quatre semaines de prospection dans les montagnes boisées autour sur le nord de l’Île. On travaillait sous le soleil, la neige, la grêle et surtout la pluie, la pluie, la pluie ! On traversait des coupes à blanc et des « forêts vierges », on suivait des ruisseaux qui se transformaient en torrent dans le fond d’un canyon et on escaladait des parois rocheuses, on faisait du « tronc-en-tronc » et on nageait (littéralement) dans les buissons de salal (le salal devient tellement dense et haut, quand on le traverse, on nage et on s’accroche désespérément aux branches parce que le sol est à un mètre ou plus sous nos pieds…) et oh oui, on restait coincé dans le bush. La forêt pluvieuse, c’est dense et c’est tout pour donner des accès de panique à tout claustrophobe qui s’y aventure !

Pendant ces quatre semaines on vivait dans notre belle grande maison à Port Hardy et tous les matins on partait sur le terrain avec notre gros pickup et on rentrait le soir, chargés de roches (et oui, là ce n’est pas une blague, on se promenait avec des pierres dans nos sacs !) et d’échantillons de sol ou de sédiments. Binx nous accueillait joyeusement tous les soirs et on avait l’impression de rentrer à la maison. Sur le terrain évidemment on a eu plusieurs petites aventures : des plats, des rencontres avec des camions chargés de bois énormes et des démonstrations de choses à éviter manquées (Sylvie, la biologiste de service explique à tout le monde à quel point il est important d’éviter de toucher le Devil’s club aux épines toxiques, première chose que je fais c’est passer tout droit à travers un buisson de Devil’s club en prenant une branche dans chaque main et en me faisant frapper par une troisième branche à travers le visage). Bien sûr, il y a aussi eu des ours, c’était inévitable et j’ai eu le plaisir d’enfin comprendre tout l’intérêt d’éviter les oursons… Si vous n’avez pas encore eu le privilège de voir une maman ours furieuse vous charger, croyez-moi, ça fait peur !

Le voyage en hydravion, la belle grande maison, le jacuzzi, l’adorable Binx, la mer, les lions de mer, la forêt pluvieuse, les pygargues à tête blanche, les ours, toutes nos petites aventures, mes collègues et tout ce que j’ai appris sur la géologie, auront fait de ce voyage une superbe et inoubliable expérience !! Et pourtant j’étais heureuse de retrouver mon Yukon où le printemps montrait enfin son bout de nez quand je suis arrivée il y a 10 jours…